Les Mille et Une Nuits de Guillaume Vincent
Le jeudi 21 novembre, l’Odéon – Théâtre de l’Europe ouvrait ses portes pour la représentation du spectacle Les Mille et Une Nuits de Guillaume Vincent.
Cette pièce s’inspire du recueil éponyme de contes populaires d’origine arabe, persane et indienne. La mise en scène retrace l’histoire de Shéhérazade et de ses nombreux contes, en apportant de la modernité à l’intrigue qui semble désormais contemporaine.
Guillaume Vincent veut transporter les spectateurs vers un monde qui mêle rêves et réalités, dans lequel règne la paix. Ainsi souhaite-t-il démontrer le pouvoir des contes.
L’adaptation du metteur en scène débute, à l’image du conte originel, tel un film d’horreur. La scène du Théâtre de l’Europe se transforme en salle d’attente d’un abattoir, celui du terrifiant sultan Shahrya. Fou de rage à cause de l’infidélité de sa femme qu’il fait exécuter, le souverain décide de choisir chaque soir une nouvelle épouse pour la violer et l’exécuter le lendemain matin. Ainsi, dans cette salle d’attente, les jeunes femmes du royaume, vêtues de robe de mariées, redoutent-elles leur tour. Lorsqu’une sonnerie retentit, elles se dirigent, les unes après les autres, vers la chambre nuptiale, en empruntant un escalier aux murs et aux marches ensanglantés.
Un jour, la jeune Shéhérazade se porte volontaire pour épouser le sultan et tente de sauver sa vie en lui contant, pendant mille et une nuits, des histoires qui, espère-t-elle, lui feront oublier sa folie meurtrière.
Guillaume Vincent ouvre alors un monde où les contes semblent s’enchevêtrer les uns dans les autres. De Paris au Caire, en passant par Bagdad, Les spectateurs, au fil des récits, sont transportés dans un voyage entre l’Occident et l’Orient.
Ses histoires mettent ainsi en scène des personnages souvent exilés, qui se croisent ou se répondent : une femme qui perd ses mains et son enfant, trois vierges qui vivent sans hommes, deux chiennes fouettées quotidiennement, mais aussi la chanteuse cairote Oum Kalthoum et les deux amants Aziz et Aziza. Cependant, tous ne sont pas présents dans le recueil d’origine, en effet le metteur en scène a voulu intégrer ses propres récits, construits en plateau avec ses comédiens.
Afin que l’histoire labyrinthiques soit comprise de tous, G. Vincent décide de se tourner vers la simplicité en ôtant trop de formes d’orientalisme, mises à part les références musicales et architecturales. Sa création permet ainsi de se laisser emporter par le courant naturel des événements en canalisant la violence des Hommes.
La troupe de onze comédiens, dont Alann Baillet, Florian Baron Moustafa Benaïbout et bien d’autres, illustre un monde fait de petits récits, imbriqués les uns dans les autres, souvent bouleversants ou sanglants, où les hommes sont aveuglés, où les femmes s’unissent entre elles, mais surtout, où l’effet cathartique des contes permet de soigner le sultan Shahrya.
C’est ainsi que la représentation de Guillaume Vincent s’inscrit dans la volonté de Stéphane Brauschweig, directeur du Théâtre de l’Europe. En effet, il désire créer un « théâtre ouvert sur le monde et aux croisements des générations ». Les Mille et Une Nuits répond alors à ces enjeux en alliant l’ancien au nouveau, l’Orient avec l’Occident.
Paulina Toutounji, 1re6