Assassinats, cannibalisme, usurpation du pouvoir, vengeance, orgueil, colère, punition,… L’Antiquité parle, et elle nous parle de nous-mêmes.
Les élèves latinistes de première et de terminales ont assisté, à la Villette, l’an passé, à la représentation phénoménale, horrible et pitoyable, de Thyeste, tragédie du latin Sénèque, mise en scène par Thomas Jolly. Aristote eût été heureux : le public fut sonné de tant de violence familiale.
Cette année, c’est à la suite des Atrides que les latinistes se sont confrontés, en décembre, avec Électre/Oreste, deux tragédies du grec Euripide, mises en scène, à la Comédie française, par l’excellent Ivo Van Hove : des personnages englués dans une boue inextricable, métaphore d’une malédiction fatale et destructrice qui ensanglante tout, au deus ex machina grandiose et lumineux qui résout le nœud.
Enfin, ces mêmes élèves ont eu la chance d’aller voir en janvier, au Théâtre du Rond-Point, Denis O’Hare, acteur américain de théâtre, films et séries, dans une représentation, en solo, de l’immense Iliade d’Homère : l’acteur campe, dans un texte en anglais, émaillé de remarques en français, voire de vers en grec ancien, tous les personnages de l’épopée homérique, de la colère d’Achille, aux pleurs d’Andromaque, en passant par l’humanité d’Hector et les supplications paternelles de Priam ; étourdissant spectacle d’une heure quarante, énergique, touchant, moderne, tristement actuel, à l’image de l’acteur lui-même, parisien depuis peu.
Grecs et latins, spectacles vivants, modernes, incontournables.
Franck CHIFFLET