Rencontre avec la galeriste Ségolène Brossette par Nadine Averink

26 novembre 2020

Le Jeudi 12 novembre 2020, je suis allée à la rencontre de la galeriste Ségolène Brossette, seule, sans élèves en raison de la crise sanitaire. Sa galerie est située au 15 rue Guénégaud, dans le 6e arrondissement, juste en face de la Monnaie de Paris. Cet espace d’exposition aux dimensions intimistes et aux murs d’une blancheur éclatante porte le nom de sa fondatrice : Ségolène Brossette Galerie.

Plus spécifiquement ancrée sur la photographique et le dessin, sa programmation s’axe avant tout sur des artistes français.

Du 8 octobre au 5 décembre 2020, elle présente le travail de Fabien de Chavanes, sous le titre « La Grande Année ». La Grande Année est une conception propre aux cultures traditionnelles, aussi bien occidentales que non-occidentales, qui comprennent le temps comme une structure cyclique, répétitive. Ainsi, dans chacune de ses œuvres photographiques l’artiste distille à répétition sa propre image comme une sorte de mise en abîme non plus de lui-même mais de l’autre. Démultiplié à l’infini, dans des compositions numériques, son portrait se fait motif abstrait tant il est minuscule. Pour élaborer ses images, Fabien a construit un cube ouvert à l’aide de 5 toiles blanches mesurant chacune 2m50 dans lequel il inscrit son corps et le photographie.

Son processus créatif questionne la photographie en tant que médium et matériau. Elle lui permet de décomposer sa propre image en des centaines d’exemplaires ou d’être un support de création graphique. Sa silhouette préalablement photographiée est détourée puis reportée sur un support et couverte de pigments, de sable ou d’autres textures. A la dimension tactile s’ajoute la question de l’accrochage, le support loin d’être plaqué ou protégé par un cadre, se donne à voir tel quel, sans formalité, juste à hauteur d’œil pour lui laisser toute sa matérialité.

J’ai pu grâce aux explications passionnées de la galeriste, découvrir un travail sensible où se rejoint deux médias souvent cloisonnés, mais qui ici, font sens l’un avec l’autre. A l’issue de cette rencontre, les élèves de lycée pourront découvrir un entretien de l’artiste filmé par la galeriste, dans lequel il explique sa démarche. Ils pourront observer ses œuvres via des reproductions numériques sous la forme d’une galerie virtuelle.

C’est une chance exceptionnelle d’avoir pu ainsi découvrir une galeriste passionnée, son espace d’exposition et les œuvres d’un photographe, dans un contexte sanitaire où la culture vide de son public ne peut que s’affaiblir et s’affadir pour devenir quasi invisible.

Merci à Ségolène,