Rencontre avec Arthur H. pour son roman Fugues

8 mars 2022

A la Maison de la Poésie, dans le cadre du concours Folio des lycéens, ce mardi 15 février, quinze élèves de Seconde 4 ont rencontré Arthur H., musicien, chanteur, et auteur du roman Fugues ; à cette occasion, ils ont pu lui poser des questions sur sa vie, son roman, sa famille, sa vision du monde.

Arthur H. a écrit cette œuvre à la demande de l’éditrice Colette Fellous qui voulait rassembler des œuvres à caractère autobiographique, de la part d’artistes, comme des écrivains ou des musiciens, pour créer une collection : Traits et Portraits. Dans son roman, Arthur H. raconte la fugue de sa mère, fugue qu’il venait d’apprendre ; il en fait l’intrigue principale et la mêle avec les fugues musicales du musicien allemand du XVIIIe siècle J.-S. Bach, mais aussi avec sa propre fugue à lui.

L’histoire qui a la plus grande place dans le livre est celle de la mère qui quitta ses parents et sa ville le soir de ses dix-huit ans. À cette époque, dans les années 1950, les jeunes adultes voyaient leur avenir déjà tracé par leurs parents, et cela ne convenait pas à Nicole, peut-être en avance sur son temps : elle voulait décider elle-même de sa propre vie. Et pour cette raison, elle décida de partir avec ses amis, en radeau, à Tahiti, là où les fruits poussent sur les arbres et où l’on vit tout nu…

Dans son livre, Arthur H. imagine aussi sa propre rencontre avec l’esprit de Bach : il n’a pas changé depuis sa mort, et il a toujours besoin d’écrire, et réclame à Arthur H. une histoire ; et à la fin de la narration de la fugue maternelle, Bach exige cette fois-ci l’histoire personnelle de l’auteur.

L’un des déclencheurs de la fugue d’Arthur H. fut le moment passé dans la maison de Coluche, un ami de son père, en Guadeloupe, où possédait un jardin luxuriant ; le comique poussa le jeune Arthur à visiter cet endroit ; le jeune homme trouva l’expérience tellement nouvelle, déstabilisante et pleine de liberté, qu’il ne voulut pas la quitter pour retrouver sa vie quotidienne ; c’est pour cela qu’il décida de rester et de laisser sa famille rentrer à Paris sans lui.

Arthur H. s’est plongé dans l’écriture de ce roman en s’écartant pendant un temps de sa vie sociale : il s’est installé dans une roulotte, dans un champ au milieu des chevaux, pour se concentrer sur l’expérience de sa mère, ce qui lui a permis de mieux la comprendre et de mieux l’aimer. Il ressent la fugue comme une sorte de défaite, lorsque le dialogue n’a pas pu se faire entre les parents et l’enfant, et qu’il demeure une incompréhension, surmontable seulement par le départ. Arthur H. croit – c’est ce qu’il espère ! – que ses propres enfants n’auront pas besoin de recourir à la fugue, car il pense être assez proche d’eux, avoir « respecté leur intégrité », ne pas les avoir enfermés dans quoi que ce soit.

Arthur H. est un écrivain, mais tout d’abord un musicien ; il décrit l’écriture d’un livre et celle d’une chanson comme deux réalisations très différentes : la composition d’une musique est beaucoup plus naturelle pour lui, et habituelle ; c’est plus court et plus instinctif, car il compose en même temps que les idées lui passent par la tête ; cela peut prendre quelques jours ; dans une musique, on suggère une histoire. Quant à l’écriture un livre, elle nécessite d’entrer pleinement dans l’histoire, de comprendre les personnages, de les faire vivre ; cela est plus long et plus prenant, et a peut-être suscité plus de plaisir chez l’auteur, même si ces plaisirs ne sont pas vraiment comparables.

Pour les lecteurs de Seconde 4

Karl H.