La pièce de théâtre Inconnu à cette adresse adapte à la scène la nouvelle épistolaire d’Elisabeth Kressmann Taylor.
Le spectateur suit la correspondance entre l’Allemand, Martin Schulse, et l’Américain d’origine juive, Max Eisenstein. Les deux amis dirigent ensemble une galerie d’art, ce qui permet à Martin un niveau de vie élevé à Munich, dans les années 1930. Leur amitié perdure jusqu’à la montée d’Adolf Hitler, en Allemagne, et la diffusion des idées antisémites auxquelles Martin adhère peu à peu, tandis que Max, outre-Atlantique, est effrayé par la haine grandissante envers les juifs de celui qui était son ami, lequel exige d’interrompre la correspondance. Mais la disparition de sa sœur, venue à Berlin, bouleverse Max qui implore son ami allemand d’aider celle qu’il aima… jusqu’à ce qu’il apprenne sa mort. Alors la correspondance amicale se transforme en vengeance froide et méticuleuse de Max, par des lettres que la censure allemande soupçonne être à double sens ; enfin, la dernière lettre de Max à Martin est retournée avec la mention “inconnu à cette adresse”   lourde de sens…
Cette pièce m’a beaucoup touchée. Tout d’abord à cause de l’histoire très prenante qui rend le contexte historique tragique et encore plus réel que dans la nouvelle. La mise en scène originale ajoute l’intensité à l’effroi ; avec un rideau de fils sur lequel sont projetées des images d’archive, l’immersion est totale.
Enfin, cette pièce rappelle comment des amitiés peuvent être brisées par un contexte politique et des idées radicales. Et l’on ne peut s’empêcher de se demander qui des deux amis est le monstre.
C’était au Théâtre Antoine, mercredi 12, pour les volontaires de 2e2 et de 1re4, Victoire D.-M. et Clara B.